Des châtiments tristement révolutionnaires…

Brumaire (22 octobre – 20 novembre)

La fièvre néologique de la Révolution française a modelé des pans entiers de notre lexique, dans le domaine politique, l’organisation administrative de notre territoire, les mesures…
Elle s’est intéressée également à la définition des multiples ennemis de la Révolution et a mis des mots sur les châtiments qu’on leur réservait. Des supplices assez mémorables pour apparaître dans Le Supplément contenant les mots nouveaux en usage depuis la Révolution accompagnant l’édition du Dictionnaire de 1798.

Que faire des suspects, c’est-à-dire de ceux qui étoient suspectés d’être ennemis ou indifférents en Révolution, de ceux qui se rendent coupables de crimes de lèse-nation ?
On peut appliquer la radiation, qui est l’action de rayer, d’effacer un nom mis sur une liste publique (celui d’un Emigré par exemple).
La déportation signifoit chez les anciens Romains, un bannissement dans un lieu déterminé. Il a été pris quelquefois en France dans la même acception, et quelquefois pour le simple bannissement hors du territoire François, sans désignation de lieu. Déporter veut dire bannir hors du territoire François.
On peut aussi risquer la détention, l’emprisonnement.
La lanterne est une sorte de supplice que le Peuple, au commencement de la Révolution, fit souffrir à quelques hommes qu’on lui désignoit comme ses ennemis et comme traîtres. Il consistait à les suspendre aux lanternes. Lanterner veut dire : faire subir le supplice de la lanterne. De nos jours, le sens de ce mot est bien différent : on lanterne lorsque l’on prend son temps ou lorsque l’on fait attendre quelqu’un, qu’on le tient en suspens par de vaines promesses ; cela peut être effectivement un supplice…encadré guillotine
Un tour d’horizon des châtiments révolutionnaires ne peut faire l’impasse sur la sinistre guillotine, instrument de supplice inventé ou perfectionné par un Médecin nommé Guillotin, pour trancher la tête par une opération entièrement mécanique.
Pour amener les condamnés à l’échafaud, on parle de fournées, nom donné aux charretées d’individus condamnés par le Tribunal révolutionnaire à subir le supplice de la guillotine.
D’autres châtiments terribles ont été inscrits dans ce Supplément :
– les mitraillades : nouveau genre de supplice, imaginé sous le Gouvernement révolutionnaire, mis principalement en usage dans la Commune de Lyon. Des canons chargés à mitraille tiroient sur des Citoyens liés et garrottés ; et ceux qu’ils ne faisoient que blesser, étoient assassinés à coups de sabre ;
– les noyades : atrocités exercées en divers endroits, et principalement à Nantes, sur les malheureux que l’on conduisoit dans des bateaux à soupape au milieu de la rivière où on les submergeoit ;
– la septembrisade : nom donné à un massacre général qui eut lieu dans les Prisons à Paris, les 2 et 3 septembre 1792. Un septembriseur est un acteur de cet épisode qui a aussi donné naissance à un verbe : septembriser, massacrer.

 

encadré châtiments